La troisième vie du Karrek ven.

20 mètres de long par 6 de large, le Karrek Ven a fière allure en ce printemps 2006 juste après sa cure de rajeunissement qui lui a redonné sa fougue d’après guerre.

karrek ven venezuela

Construit par Quéré-Kersaudy-Gonidec en 1943 sur la commune de Tréboul avant que cette dernière ne devienne un quartier de Douarnenez, Kerrek Ven est un beau bateau de pêche portant haut la toile et appuyé par son moteur Crepelle de 126 cv.

Léonid Kameneff

Le Karrek Ven est aujourd’hui au Vénézuéla ou il entame sa troisième vie.
Sa première a été dédiée à la pêche, germon aux Açores, maquereau en Irlande et même la sardine au Maroc, il a été dans les derniers à travailler à la voile en 1969.

Racheté pour la plaisance, il retrouve son gréement d’origine, bout dehors et voiles à corne et se voit installer un Beauboin de 100 cv DK4 venue d’une péniche. En 1980 alors qu’il était abandonné depuis 5 ans à Majorque en Méditerranée il est repéré par un groupe d’amis. L’un d’entre eux psychothérapeute pour enfants, avait senti l’envie de larguer les voiles bien avant, au contact de Bernard Moitessier juste après 1968. Partir certes mais pas partir pour partir.

karrek Ven

C’est là que commençait une vie nouvelle à bord de son petit voilier « Paladin ». « J’ai pris à bord deux jeunes à problèmes avec leur environnement et 3 sans problèmes et tout s’est bien passé » raconte Léo, assis près de la grande table du Karrek Ven au Vénézuéla. « On se posait beaucoup de questions sur l’éducation en autonomie et ensuite on attend beaucoup de toi et ça me plaisait ».

karrek ven

Le passage sur Karrek Ven a été l’occasion de naviguer sur un gros bateau et de faire participer pleinement les enfants qui embarquaient pour plusieurs mois, voir des années pour certains. « Les anciens apprenaient aux nouveaux la vie à bord. Pas de livres scolaires, on travaillait les langues grâce à la méthode « assimil », nous faisions des recherches archéologiques et historiques sur les pays visités et on publiait une revue « le petit voyageur » réalisé à bord » se souvient Léo qui avoue que « sans cours formels les enfants s’intéressaient à tout, de l’électricité au moteur à la navigation à l’entretien du bateau et plus tard lorsqu’ils retournaient à l’école ils étaient plus motivés d’apprendre la théorie de la pratique qu’ils avaient vécue ».

Léonid Kameneff

Un bateau comme le « Karrek Ven » nécessite un budget conséquent et la participation financière des parents était vitale et correspondait au coût d’un enfant sur l’année à terre.

Les années passant, le fameux voilier avait grandement besoin d’une refonte en profondeur. En 2003 le Karrek Ven rentre dans un chantier de Cumanà pour une restauration de deux ans à temps plein. « Nous avons gardé la quille et le massif arrière, chaque pièce a été remplacée par son identique en reprenant les aménagements d’origine. »

tortue karrek ven

C’est ainsi que le carré désormais se trouve dans la cale à poisson qui a retrouvé ses volumes. Pour financer cette opération, des dons, des prêts et un héritage bien venu dans l’escarcelle de Léo ont été nécessaires. L’association SAMKV (Société des Amis et Marins du Karrek Ven ) dont le président est le fils de l’ancien armateur du bateau, se charge de reconstituer la mémoire du voilier et de le faire vivre. Un film sur la restauration sera présenté à Douarnenez 2006.

http://www.karrekven.net]