Pepe Roro. Chalutier, 3 morts.

Une fois de plus, un bateau de pêche est victime d’une collision avec un cargo !
Le Pepe Roro, chalutier des sables d’Olonne spécialisé dans la pêche à la langoustine a été percuté par le cargo néerlandais « Arklo Ranger » mardi soir 11.02.2003 au large de l’île d’Oléron (Charente-Maritime).

L’accident à fait trois victimes à bord du chalutier de 15 mètres qui repose par 58 mètres de fond à 25 nautiques à l’ouest de l’île d’Oléron.

« Le commandant hollandais du cargo de 90 mètres a admis que l’accident est dû à un défaut de veille », a indiqué le procurreur de la république.

Vers 21 heures l’ »Arklow Ranger » est passé sur les fûnes du chalutier. Un câble a été sectionné et l’autre s’est pris sur le bulbe du cargo. Le tout plaquant le « Pepe Roro » contre le flanc du cargo avant de l’envoyer par le fond.

José Arocena.

Canaux de Patagonie.

 

Canaux de Patagonie, les Ro-ro mixtes maintiennent le lien avec la civilisation.

Roro chili canaux de Patagonie.
Roro chili canaux de Patagonie.

Dans le sud du Chili, en dehors de toute route terrestre, sur un millier de milles nautiques, les canaux de Patagonie restent un passage obligé pour qui veut aller de Puerto Montt à Puerto Natales, le lien entre la route panaméricaine et la région de Punta Arenas. Pas de routes, juste un embryon de « carretera austral » qui peine pour avancer dans une jungle parsemée d’îles inhabitées. Depuis des années une compagnie maritime est le seul lien entre le nord et le sud de la Patagonie. Deux Ro-ro aménagés en navires mixtes pour passagers effectuent une rotation hebdomadaire entre les deux ports, chargés de quelques voitures, colis divers, conteneurs ou autres camions remplis de nourriture, fruits, moutons et autres denrées indispensables à la vie civilisée du Chili austral!

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La compagnie Navimag Shipping Lines et ses deux unités se remarquent facilement dans le paysage. Peints en rouge, le « Evangelista » et le « Puerto Eden » sont le poumon des canaux de Patagonie et plus encore celui d’un petit village situé au milieu de nulle part, Puerto Eden. Planté sur une petite île, les 240 habitants de « Puerto Eden » dépendent totalement du ro-ro du même nom qui le ravitaille et qui permet aux pêcheurs de moules de transporter jusqu’au continent le produit de leur captures séchées. Le bateau est le seul moyen d’aller ou revenir de cet endroit où les derniers descendants d’une vielle tribu Patagonique, les Alcalufes, vivent toujours. »Nous avons une subvention de l’Etat chilien pour passer par Puerto Eden chaque semaine. On fait une escale rapide, on mouille l’ancre le temps de transborder sur les bateaux locaux le chargement qui leur est destiné et de prendre les passagers qui vont à Puerto Natales » explique Mario, le second du Puerto Eden, « sans nous ils seraient vraiment mal ».

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Sur l’île de Puerto Eden on vit en petit comité. 240 habitants, une école, pas de médecin, du Pisco (liqueur locale) des bateaux de pêche pour récolter les moules en plongée avec un simple narguilé, des conditions de vie pour le moins difficiles. Le vent et le froid fait partie du quotidien, l’arrivée du « Puerto Eden » est une fête. « On l’entend 10 minutes avant son arrivée, il sonne la corne longuement, on se prépare aussi tôt pour aller vers lui. On ne sait jamais à quelle heure il va arriver, tout dépend du temps qu’il fera durant le voyage » expliquent les habitants de Puerto Eden qui disposent de cabines spéciales à bord du Ro-ro, payées à l’année par le gouvernement. « On ne loue jamais ces cabines aux gringos même si elles sont vides. Elles sont sur l’arrière du bateau, réservées aux habitants de Puerto Eden s’ils veulent aller sur Punta Arenas voir la famille » rappelle le Cdt. Le Ro-ro dispose d’un quai particulier à Puerto Montt, accolé au parking de remorques, toujours plein à raz bord de camions. Dans le hall de la compagnie Navimag se côtoient les chauffeurs routiers de passage et les baroudeurs de tout poils venus du monde entier, sac à dos et chaussures de randonnée de rigueur. Des nord américains mais aussi des européens, allemands, suisses, italiens ou français en recherche d’espaces vierges. Pour les héberger, Navimag a transformé le « Puerto Eden » long de 113 mètres construit en 1976 et racheté d’occasion en Finlande. Un passage dans un chantier naval du Brésil a permis de rajouter un module contre la passerelle, module permettant l’accueil de 200 passagers avec cuisines et réfectoires, sans compter la cinquantaine de malchanceux qui terminent au troisième sous-sol, contre l’étrave du navire dans des cabines collectives de 25 personnes.

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Peut être avec humour, Navimag nomme ces cabines collectives « les cabines des pionniers » Ce changement de cap, du simple Ro-ro vers un « mixte », a été motivé par la forte demande touristique, essentiellement en été ou les tarifs s’envolent aussi vite que le service se détériore. Fort heureusement, les canaux de Patagonie valent le détour, la passerelle est ouverte et le Cdt attentif aux questions des passagers, avides d’information et parfois inquiets par l’étroitesse des passes. Avec précision, le « Puerto Eden » chargé à bloc, quitte le quai sans l’aide de pilotes, privilège accordé aux commandants chiliens. Il enfile les fiords enneigés, zigzague entre des rochers, évite un haut fond ou un autre cargo gît, planté sur le cailloux depuis 1969, le tout sous le regard des albatros géants, des pétrels noirs et autres condors. Eté comme hiver, la ligne reste ouverte, même lorsque le passage en haute mer par le cap de Peňas en plein Pacifique, rend la navigation difficile avant de retrouver les calmes des canaux. Même si les équipages sont des habitués des lieux, la navigation dans les canaux est délicate. Les vents violents soufflent sans prévenir, le seul fax quotidien reçu à bord permet uniquement de se faire une idée approximative des pressions qu’ils auront à traverser.

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C’est la marine nationale chilienne qui fournit la météo ou il est plus souvent question de dépressions que d’anticyclones, surtout en dessous des 50° sud. La compagnie Navimag réfléchit à la mise en place d’une unité spécifique dédiée aux passagers sans tomber dans la croisière de luxe. « Nous avons une demande véritable mais également une exigence de qualité à bord. Il faut savoir que notre compagnie est responsable du transport mais que le service à bord sur le Puerto Eden est sous traité à une entreprise privée, nous en subissons les conséquences alors que nous ne sommes pour rien dans la qualité du service qui laisse à désirer, surtout si l’on recherche des standards européens. » Malgré les retards chroniques, le service déficient, la météo australe, le Ro-ro « Puerto Eden » poursuit sa route et chaque jour davantage de voyageurs veulent découvrir cette ligne régulière, la plus « sud » du globe!

José Arocena.