Tomber à l’eau avec ses bottes et ciré… conséquences et test filmés.

Attention je vais briser un mythe ! Je suis peut-être un peu trop cartésien mais j’en ai assez d’entendre qu’il faut retirer ses bottes si l’on tombe à l’eau au risque de se faire aspirer vers les abysses. C’est une hérésie totale car l’eau qui envahit les bottes ne pèsent rien « dans l’eau ». J’espère m’exprimer assez bien pour me faire comprendre. Vous pouvez faire l’expérience chez vous avec un récipient en plastique : Vous le remplissez d’eau, son poids dans l’air est évidemment augmenté du volume d’eau ajouté. Plongez alors ce récipient dans un évier lui-même plein d’eau. La plupart des matières plastiques flottent. Le récipient ne coulera donc pas au fond de l’évier. Il en est de même pour les bottes, on le voit après 1 minute et 10 secondes de la vidéo (voir plus bas), quand mes bottes sont enfin pleines, mes pieds ont encore tendance à remonter.

Corollaire de ce mythe : « les bottes vont gêner la nage ». Moi qui en ai fait l’expérience (voir le film), je peux vous dire que nager avec son ciré et ses bottes n’est pas très efficace. Mais du ciré ou des bottes difficile de dire ce qui gêne le plus. À mon humble avis, naviguant le plus souvent en Bretagne, le plus gros risque pour l’homme à la mer c’est l’hypothermie. Pour lutter contre l’hypothermie il est recommandé de ne pas nager. Le ciré et les bottes constituent une barrière thermique moins efficace qu’une combinaison de survie mais une protection quand-même. Étant plutôt frileux je ne quitterai donc pas ces équipements en cas de chute à la mer et adopterai la position « HELP » ou position fœtale pour limiter les échanges thermiques.

 

Dans le film on voit que je ne porte pas mon gilet. D’abord le gilet aurait faussé ma démonstration. Ensuite je n’avais pas envie de changer tout de suite mon déclencheur hydrostatique, il est encore bon jusqu’en 2016 et ça coûte environ 45 euros.

Ma veste de ciré a emprisonné de l’air qui m’aide à flotter, mais l’expérience ne dure que 2 minutes. On peut imaginer qu’en rallongeant l’expérience je n’aurais plus eu l’aide de ce volume d’air. Un gilet de 150 N (flottabilité de 15 kg environ) s’il est bien réglé, assure que la bouche se trouve à 15 cm au-dessus de la surface. Mon ciré me maintient à 2 cm seulement. Avec un petit clapot c’est l’assurance de difficultés à respirer et de prendre la tasse de temps en temps. Il convient donc de porter un gilet. Un gilet gonflable ne gêne absolument pas les mouvements. Si vous ne portez pas votre gilet pour des questions d’esthétisme, je vous avouerai que les lèvres bleues et les tissus gonflés d’un noyé ne m’ont jamais parus très beaux.

Là où cela se gâte c’est quand il faut remonter la victime à bord. Les vêtements et les bottes pleins d’eau vont alors effectivement peser. Si l’on a une échelle de bain et que la victime est encore en état d’y monter cela peut aller. Mais une personne atteinte d’hypothermie est incapable de faire ça. La circulation périphérique a été limitée pour protéger la température du noyau central. Il va falloir la remonter sans son aide. Le meilleur moyen semble être de frapper une drisse sur son harnais. Là encore les gilets gonflables modernes montrent leur intérêt puisqu’ils sont en général équipés d’une boucle de harnais avec des sangles qui enserrent le corps. Les tentatives de palans en bout de bôme ou de tangon semblent trop complexes. Avec une drisse on va faire glisser la victime sur la coque. En bout de bôme on aura du mal à maîtriser les mouvements et l’on risque les chocs sur la coque où les autres éléments du bateau.

Conclusion : portez votre gilet, gardez vos bottes et ne tombez pas à l’eau !

Stephane Siohan.

Chantier dans les Tuamotu, Apataki accueille des voiliers.

Dans les Tuamotu au coeur de la polynésie dans un atoll existe un chantier permettant la mise au sec des voiliers. Apataki est le nom de l’atoll. Nous avons testé la sortie d’un catamaran de plus de 14 mètres.